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L’EXPÉRIENCE LOGIQUE 11

et s’amplifier indéfiniment ; issu de la vie sociale et des habitudes individuelles, il ne s’applique que postérieurement à la nature (apparition tardive de la notion de « loi » scientifique) ; le plan de l’intelligence normative se constitue le dernier.

Il est bien convenu que nous schématisons une évolution en réalité sinueuse et complexe puisque certaines règles notamment surgissent sous des formes embryonnaires dès le plan mental, mais ne deviennent utilisables que sur le plan normatif, parce que conscientes.

Ces plans successifs étant grossièrement établis, la notion même d’expérience logique pourra prendre un sens acceptable.

IV) La logique, comme discipline autonome, codifie les procédés que la pensée élabore au niveau d’une expérience soumise à des règles de construction, issues elles-mêmes de l’effort que font les diverses intelligences pour élaborer conjointement ou de façon convergente les données empiriques, issues du monde des perceptions. La logique ne se préoccupe pas de l’accord de la pensée avec son contenu, mais de l’accord de la pensée avec elle-même : elle n’est pas vérification directe mais vérification indirecte, au second degré. Elle est une discipline qui travaille sur une matière déjà profondément élaborée.

Cette discipline est à la fois descriptive et normative. Elle est descriptive, en ce sens qu’elle ne crée pas des règles arbitraires ou conventionnelles mais prend conscience de règles antérieurement jouées au niveau de la construction concrète, dans des domaines privilégiés (I, 1) et s’efforce de les décrire ou mieux de