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L’EXPÉRIENCE LOGIQUE 3

mises en pleine lumière. Les vues de Piaget que nous ne saurions même esquisser ici, sont essentielles et méritent plus d’attention non seulement de la part des psychologues, mais des logiciens, qu’on ne leur en a consacré jusqu’ici.

Ces conditions préalables à la logique de l’adulte surgissent au fur et à mesure du développement intellectuel de l’enfant. Ne retenons de tous ces faits, qu’un seul qui nous semble particulièrement important, à savoir la distinction capitale entre expérience mentale et expérience logique. Celle-là « est la construction d’une réalité et la prise de conscience de cette réalité » ; celle-ci « est la prise de conscience et le réglage du mécanisme lui-même de la construction ». La première est irréversible d’où le syncrétisme et la transduction, la seconde seule est réversible. « Ce réglage, qui caractérise l’expérience logique », conclut l’auteur, « a sur l’expérience mentale des conséquences considérables : c’est de la rendre réversible, c’est-à-dire de conduire le sujet à ne plus poser que des prémisses susceptibles de soutenir entre elles des relations réciproques et de rester chacune identique à elle-même pendant l’expérience mentale[1]. »

3° Historiquement enfin, la première codification de la logique par Aristote, c’est-à-dire la première expérience logique opérée systématiquement qui aboutit à la théorie du syllogisme, s’appuie d’une part à des présuppositions ontologiques et d’autre part aux démonstrations en forme des géomètres grecs, notamment à celles d’Euclide dans ses Éléments ; elle est à proprement parler une théorie de la démonstration

  1. Idem, p, 312.