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magasin théatral

brioches ; j’en mangerai deux douzaines pour essayer. Bouriquet… qu’on m’amène mon alezan d’Arcadie. Partons !

DROMADAIROS.

Papa paartontons.

CHŒUR.
Air des Puritains.

Sans tarder davantage,
À la reine on doit obéir ;
Pour ce charmant voyage
Allons, amis, il faut partir.

DROMADAIROS.

Fi fillette jolie,
A pour moi des attraits.

GANACHINI.

Douce pâtisserie,
Je t’ouvre mon palais.

CHŒUR.

Sans tarder,  etc.,  etc.

Dromadairos remonte dans sa brouette, que Gogo traîne de nouveau ; on amène pour Violentine un palanquin dans lequel elle monte, et pour Ganachini un âne sur lequel il se place et se met à la tête du cortège. Marche.
— Le théâtre change. — On voit l’intérieur d’une chaumière ; c’est une petite chambre bien modestement meublée. Au fond, un lit ; à droite, une porte, une fenêtre ; un vieux buffet à gauche.

SCÈNE XII.

PAQUERETTE, seule, entrant.

Ah ! j’ai reporté mon ouvrage… et à présent j’ai le temps de travailler au joli petit tablier que je veux avoir quand je serai la femme de Feuilleté. Épouser mon petit pâtissier… je n’en demande pas davantage, moi.

Air : Chasseur écossais.

Vivant en paix dans ce séjour tranquille,
L’ambition n’a point troublé mon cœur ;
Loin du fracas, loin du bruit de la ville,
En s’aimant bien on trouve le bonheur.
Avant peu, je l’espère,
Je serai pâtissière ;
De mon sort je suis fière ;
Je le sens, en ce jour :
Mon mari, je le gage,
Ne sera pas volage,
Et dans notre ménage
Nous fixerons l’amour.


Et pourtant cette nuit j’ai fait un singulier rêve… il me semblait que je voyais au pied de mon lit une chouette, et ce vilain oiseau me disait : « Il ne tient qu’à toi d’être grande dame, princesse même !… d’avoir des palais… des laquais… et de gros bouquets ! » Ah ben ! tout ça ne m’a pas tenté du tout ! J’aime ben mieux mon pauvre Feuilleté… Ah ! je crois que je l’entends… oui, c’est lui… il chante toujours !

SCÈNE XIII.

PAQUERETTE, FEUILLETÉ.
FEUILLETÉ., portant une galette.
Air des Cancans.

J’ai le cœur plein d’amour
Et brûlant comme mon four ;
Oui, chez moi constamment
C’est tout chaud, c’est tout bouillant.
Pour toi je sèche, je cuis,
Je soupire et je pâtis !
Goût’ le gâteau que voilà,
Et mets un peu ta main là…
J’ai le cœur,  etc.

PAQUERETTE.

Comment, Feuilleté, c’est pour moi cette belle galette ?

FEUILLETÉ.

Et pour qui donc ?… qui plus que toi est digne de ma pâte-ferme !… toi, ma jolie Paquerette… toi, ma passion… elle est peut-être un peu salée, mais c’est pour lui donner du goût.

PAQUERETTE.

Est-ce que tu as fini ton ouvrage ?

FEUILLETÉ.

Ah ! j’ai encore un flanc au four pour un baptême… en cerises, que m’a commandé le parrain… un peu cuit… de cent sous ; mais Criquet est chez moi, il y veillera. Je ne voulais pas être plus long-temps sans te voir… c’est qu’une heure loin de toi, c’est plus long qu’une journée ensemble.

PAQUERETTE.

Sais-tu que c’est bien gentil ce que tu me dis là ?

FEUILLETÉ.

Oh ! quand nous serons mariés, je t’en dirai bien d’autres, va… mariés… l’un avec l’autre, je serai ta moitié, et tu seras mon tout !… Quel joli ménage nous ferons !… d’abord, je te bourrerai de pâtisseries et de caresses.

PAQUERETTE.

Et moi donc !

ENSEMBLE.
Air : Filles de l’Enfer.

Lorsque nous serons époux, (bis.)
Que notre sort sera doux ! (bis.)

ENSEMBLE.

Jamais de chagrin chez nous,
Jamais de soupçons jaloux.
Que notre sort sera doux,
Lorsque nous serons époux !

FEUILLETÉ.

Moi, je veux que tu deviennes
Grasse et rose comme un amour ;
Chaqu’ matin, je veux qu’ tu prennes
Les premiers gâteaux d’ mon four !
Nous ferons de bonn’s recettes,
L’argent, dans c’ comm’rce-là,
Vient en faisant des boulettes,
Et de tout temps on en fera !

ENSEMBLE.

Lorsque nous serons,  etc.

PAQUERETTE.

Moi, je veux dans notr’ boutique