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plus, les Titans retombent à plat, le monde retrouve son équilibre et ce qui est dessous y reste.


CHAPITRE XXXVI.

Les généraux de l’armée régulière qui avec ou sans bonne foi, par nullité d’intelligence ou avidité d’ambition, se mettraient au service de la pseudo-légalité, verraient bientôt la fin de leur rôle et avant d’avoir mis la main à l’œuvre, ils auraient déjà senti leur impuissance.

Les chefs démocratiques opérant par assemblées sont de nature extrêmement jaloux les uns des autres et sujets à se renverser et à se remplacer rapidement. Ils vivent dans une crainte perpétuelle de leurs plus chauds amis et il y aurait de la malveillance à les en blâmer, tant ils sont assurés d’être renversés par eux, un peu plus tôt, un peu plus tard ; mais c’est déjà bien assez, à leur avis, de courir ce risque perpétuel, et ils ne se soucient en aucune sorte de permettre aux généraux d’être plus que des serviteurs très parfaitement mâtés, soumis et surveillés. Le dictateur de Tours et de Bordeaux a montré, pendant la guerre de 70, à quel point il était fort en doctrine sur ce dogme là.

Les Représentants du Peuple en mission auprès des armées, voilà un idéal dont la démocratie, maîtresse de conduire ses affaires à sa guise, ne s’écarterait jamais. Robespierre le Jeune et son bini (parce qu’il faut toujours deux surveillants qui se surveillent entr’eux), voilà les prototypes des compagnons assidus auxquels tous les généraux doivent s’attendre à ouvrir leurs portefeuilles, leurs cœurs, les cases de leurs cerveaux, avec lesquels ils auront à discuter leurs plans ; que ces con-