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forces du désordre et de la ruine se sont enfin coordonnées ; vous avez de l’argent, elles en ont aussi ; vous avez une administration, elles en ont plus que vous ; vous avez des multitudes qui veulent garder leur avoir moral et matériel ; elles en ont d’autres qui veulent résolument le leur prendre ; vous êtes poussé à bout par la crainte et la passion de vous mettre hors de péril ; elles le sont plus encore par les convoitises allumées, la soif de la vengeance, des espérances flamboyantes comme elles n’en ont jamais conçues jusqu’ici ; vous n’avez pas de chefs suprêmes ; elles en ont ! vous avez des régiments ; elles en ont ; des généraux sauveurs, elles en ont qui leur promettent le triomphe et qui, consentant à jouer une telle partie, et se sachant déshonorés dans la pensée de leurs anciens camarades, voudront le succès à tout prix… que posséderez-vous donc cette fois de plus qu’elles, bandes de loups enragés, menées par toutes les catégories de sorciers modernes, des intriguants et des traîtres ? Rien, vous n’aurez rien de plus, du moins à première vue et en apparence ; mais vous resterez les plus forts et voici pourquoi.


CHAPITRE XXXIV.

Toutes les sociétés humaines se ressemblent dans les traits essentiels, mais elles ont aussi leurs différences et c’est dans l’examen de ces contrastes et souvent des minuties qui les déterminent que consiste l’intérêt principal de l’étude historique. Les Romains arrivés à un développement de leur civilisation analogue à celui que le nôtre atteint, ont eu la maladie ordinaire à un pareil âge ; comme nous ils ont vu naître des libéraux, Sal-