Page:De Gobineau - La Troisième République française et ce qu'elle vaut, 1907.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 75 —

pu la rendre redoutable et avec ce goût passionné, cette soif irrésistible des inégalités qui est la vraie racine du dogme de l’égalité, elle s’absorba dans l’occupation de couvrir de galons sa hiérarchie et de distribuer des grades. Elle fut écrasée et elle le serait encore plus vite et plus aisément dans des occasions où ses ennemis ne seraient pas aussi paralysés ailleurs qu’ils l’étaient en 71, de sorte que la société se verrait promptement débarrassée des enlacements du serpent ; le général sauveur n’aurait bientôt qu’à recevoir les couronnes et ce qui vient à la suite.

Il faut toutefois considérer que la situation qui s’avance semble se montrer sous des apparences infiniment plus redoutables que les anciennes séditions. Celles-ci, comme on vient de le voir, ont toujours été grossissant par le nombre des combattants enrôlés sous les drapeaux du tapage, par l’importance de leurs ressources, même par la qualité des chefs, au moins de certains chefs dont on n’a pas usé mais qui se trouvaient là, par des connivences plus accusées et plus actives dans les camps de la résistance, enfin par la présence de ce nerf de la guerre qui manquait beaucoup autrefois aux combinaisons démocratiques et qui se trouve aujourd’hui, de bien des manières, plein de vie et pouvant répondre à tous les besoins.

C’est vrai. La secte envahissante est dans l’épanouissement de sa force et le général ou les généraux sauveurs auront à compter avec le maximum de poussée que ces amoncèlements de passions brutales vont exercer sur les arcs-boutants de l’organisation sociale. Comme il vient d’être dit, les révolutionnaires ont dans les mains beaucoup d’argent ; les souscriptions de leur monde leur