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et pressés, ont gêné leurs amis par l’explosion trop hâtive de la Commune. En bref, les dictateurs se sont montrés aussi incapables que présomptueux, ce qui n’est pas peu dire, et voilà l’arbre et voilà les fruits.


CHAPITRE XXIX.

Et maintenant, supposez de nouveau ces personnages à la tête de la situation qu’ils amènent de tous leurs efforts ; ils ont été fort maladroits, ils ont été fort impuissants, ils vont l’être davantage. Ils ont derrière eux leurs amis prêts à leur demander compte de tous les marchandages de temps et de minutes entre leur avidité et le pillage et quelle que puisse être la bonne volonté des chefs, elle est toujours moins rapide que ne le souhaite et ne l’exige la rapacité des soldats. Je ne suis pas surpris que M. Gambetta et ses conseillers passent auprès de certaines gens pour des praticiens plus calmes que leurs théories. C’est le propre de la région gouvernementale de réfrigérer sensiblement les emportements contractés au-dessous de ses nuages. Mais ici se présente précisément la nécessité pour un chef de posséder la vertu suprême du pouvoir, qui est le commandement.

Ce n’est rien ou peu de chose que de marcher contre les ennemis ; la grande épreuve est de savoir faire trembler ses amis. Les chefs démocratiques, je le suppose avec les optimistes, n’aspirent modestement qu’à dépouiller peu à peu, sans violence, légalement, le clergé de ses aubes, de ses dentelles, de ses brocards, de ses argenteries, de ses séminaires et de ses églises ; mais cela sans faire de bruit à moins que le clergé n’en fasse.