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ment vaincus les uns par les autres et à plusieurs reprises. S’il est honteux d’être battu tout le monde l’ayant été, personne n’a lieu d’en rougir devant le vainqueur, battu hier et qui peut l’être demain ; mais il est honteux, il est inexcusable pour des gouvernants d’avoir voulu et amené ce qui s’est passé dans le triste pays de France entre la bataille de Sedan et la paix de Paris.


CHAPITRE XXVIII.

L’Évangile dit que l’on connaît l’arbre par son fruit. Eh bien ! Voilà le fruit de l’arbre qui nous menace incessamment d’une nouvelle récolte et qui, à coup sûr, se voit à l’heure actuelle, planté, arrosé, soigné, par le libéralisme du centre gauche en pleine floraison. Les fruits furent-ils si bons qu’on en veuille goûter encore ? Que la responsabilité d’avoir commencé la guerre appartienne à l’Empire, soit ; mais celle de l’avoir reprise et ravivée après la catastrophe de Sedan qui devait être le coup de grâce, à qui appartient-elle ? Uniquement à ceux qui se poussent maintenant à la tête du pouvoir et qui vont demain diriger les destinées du pays.

Ils peuvent répondre qu’un intérêt supérieur à celui des populations pantelantes dirigeait leur conduite. Il ne s’agissait pas, peuvent-ils dire, et ils le disent, d’épargner à la France du sang et des ruines, mais bien de faire surgir de ces ruines et de ce sang l’idéal démocratique et s’il fallait beaucoup de sang et beaucoup de ruines, tant pis, mais l’avènement de la nouvelle couche sociale en était hâté. C’est dans ce sens-là qu’on a agi.

On a fait parcourir les campagnes par des bandes avinées qui n’attendaient pas pour disparaître la plus

Gobineau, La troisième République.
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