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poussés contre lui ? C’était un raisonnement d’arithmétique et les hommes habiles qui le faisaient tout haut promettaient que pas un des malandrins ainsi serrés ne sortirait vivant de sa folle entreprise. Pourquoi ce calcul a été trompé, c’est ce qu’il est inutile d’expliquer ; le fait est qu’il l’a été. Cependant, un certain nombre de bataillons échappés aux désastres existait encore, des officiers dévoués les ralliaient, des généraux animés du dévouement le plus absolu se montraient à leur tête ; on pouvait tenter quelque chose, espérer quelque peu ; le général d’Aurelles l’a prouvé à la bataille d’Orléans ; mais les dictateurs voulurent assumer sur eux la responsabilité entière, parce qu’ils voulurent, sans doute, faire éclater dans tout son jour le mérite de leurs combinaisons et le plus apparent d’entre eux, harcelant les chefs militaires de ses ordres, de ses contre-ordres, de ses plans, de ses inspirations, de ses invectives, produisit ce qu’on a vu, l’épouvantable désastre de l’armée de l’Est, la ruine des troupes de l’Ouest et l’arrivée des envahisseurs jusqu’au sein de la région trans-ligérienne. La folie, les mensonges, les fanfaronnades, les menaces des proclamations n’y changeaient rien, et les marchés scandaleux et l’agiotage et la collation insensée de grades militaires tombant en pluie sur les épaules les plus grotesques et tout ce qu’on a vu, enfin, et qu’il faudrait encore revoir si la commission des XVIII et ses triumvirs et le chef des dits triumvirs venaient à pousser leur victoire actuelle jusqu’au bout, tout cela n’a pas empêché la France d’être foulée aux pieds comme jamais nation ne l’a été, non que la défaite ait en soi le caractère humiliant que l’absurdité de ceux qui en ont été cause prétend lui imposer ; toutes les armées, tous les peuples ont été successive-