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de ce sentiment fort sage qu’ils y restent attachés et que la loi est respectable, forte et respectée, mais les Français ! Leurs lois ne sont pas des lois d’État, ne sont pas la consécration de droits inviolables ; elles ne sont pourvues d’aucune espèce des caractères de la longévité, ce ne sont que les coups de poing promis par une faction à une autre et le jour où le conciliabule des trois, appuyé sur le comité des XVIII, soutenu par la majorité de la Chambre des Députés, avouée par une combinaison dans le Sénat, aura fait sauter le Sénat par la fenêtre et démantibulé le Septennat, les triomphateurs supposent qu’ils auront mis au monde un système qui, parce qu’il sera légal, à leur manière, aura une existence assurée devant lui ? Mais le malheureux embryon, hydrocéphale et bourré d’humeurs vénimeuses, sera mort précisément parce qu’il sera né. Un accident pourrait seul prolonger sa vie quelque peu ; la présence, au nombre de ses nourriciers, d’un de ces hommes habiles qui savent tirer un parti quelconque de la plus stérile situation et naviguer au plus près sur un navire faisant eau, gouvernail brisé, mâts rompus et voiles envolées. Cela s’est vu pour plus ou moins longtemps ; on a rencontré une côte inespérée ou bien un corsaire sauveur et le capitaine a été couvert de bénédictions. Mais pour juger de ce que les chefs démocratiques savent faire, il n’est que de se rappeler ce qu’ils ont fait en 70.

Le problème donné était de mettre fin à l’invasion et ce fut là, sans doute, leur grande affaire.


CHAPITRE XXVII.

Point du tout. Ils se sont immédiatement occupés de changer la forme du gouvernement et, dans ce but,