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entier à la Libre Pensée, c’est-à-dire au culte des intérêts positifs, c’est-à-dire à celui qui en dispose, c’est-à-dire à l’État, et l’État vous savez bien qui c’est.

Voilà à peu près ce que nous voulons faire. Mais, comme, en définitive, et grâce aux libéraux, nous sommes désormais les maîtres de tout, quelle folie de supposer possibles des violences ; des égorgements ! Pourquoi, je vous prie ? à quoi bon ? Nous ne prétendons amener l’avènement de la nouvelle couche sociale… Vous la connaissez ? Cette élite qui attend la fin de nos travaux dans les cabarets borgnes des grandes villes ou dans les bouchons décriés des villages, inculte, sale, barbue, déguenillée, plus qu’à demi-ivre, la pipe de terre sordide sous un coin de sa lèvre… Eh bien ! Cette nouvelle couche sociale nous allons l’amener paternellement à prendre les positions qu’elle a essayées et qui lui ont plu en 71 ; mais ce sera la loi en main, avec la plus pure légalité, et cette légalité nous sommes en train de la fabriquer, comme toujours, avec l’aide des libéraux, auxquels nous abandonnons en récompense, bien entendu temporairement, la jouissance de toutes les places qui peuvent leur convenir. C’est leur amorce éternelle.


CHAPITRE XXVI.


Dans ce discours que font les chefs de ce singulier mélange appelé la majorité parlementaire, il faut admirer surtout la réelle bonne foi qui leur fait croire à leur succès et à la régularité de ce succès. Ils ont successivement, eux ou leurs pareils, brisé violemment toutes les légalités qui se sont trouvées à l’encontre de leurs visées et ils pensent qu’on respectera la leur ! Ils ont habitué depuis cent ans tout à l’heure les populations à