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la grande majorité des paysans et tout ce qui fait un négoce quelconque et n’est pas en état de faillite ouverte ou prochaine ; l’ouvrier qui sait gagner sa vie, voudra également être sauvé avec sa famille ; le pêcheur de la côte a une barque à lui et voudra qu’on la lui garantisse, et par-dessus tout, la nombreuse armée du clergé, depuis le pauvre prêtre d’une petite paroisse rurale vivant de sa portion congrue jusqu’à l’archevêque, aura un désir explicable de sauver non plus sa rente seulement mais sa vie ouvertement menacée, et les populations catholiques, en masse, les zélés et les tièdes, bien certains qu’on va leur prendre leurs chapelles, leurs églises, leurs cathédrales, leurs sanctuaires et fouler aux pieds leurs crucifix comme en 93, comme en 71, sont déjà parfaitement résolus à se faire sauver.

— Mais il n’y a pas lieu, répondent les hommes de la gauche. Vous voyez : nous nous tenons bien tranquilles. Nous ne menaçons, du geste ou de la parole, absolument personne. D’ailleurs, puisque vous aimez et estimez la force, vous devez considérer que nous la tenons. Quel usage en faisons-nous ? Le plus débonnaire du monde. Notre majorité parlementaire qui n’est autre, vous devez en convenir, que le souverain pouvoir, attendu que votre constitution nous donne par elle le droit de lier et de délier, sans que la minorité ait d’autre devoir que de plier les genoux et de se soumettre, cette majorité sacrosainte est la meilleure enfant qu’on ait jamais vue. De peur de s’égarer par passion, elle a abdiqué dans les mains de son comité des xviii, non moins volontaire que le feu Conseil des x, et le comité des xviii ne vit, ne respire que par l’organe des trois Inquisiteurs d’Etat, c’est-à-dire des trois personnages supérieurs qui