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en baisse. Les chambres de la Restauration offraient moins d’individualités fortes que la Constituante, la Législative, la Convention, peuplées, sur tous les bancs, d’élèves des Oratoriens et des Jésuites et aussi de ces petits magistrats héréditaires de l’ancien régime qui avaient été, à ce qu’il semble, assez vigoureusement élevés.

Sous la Restauration on constata un certain éclat et peu de force. Sous le règne du Roi Louis-Philippe, l’éclat alla diminuant, la force de même ; aujourd’hui, on est atterré en considérant à quel niveau la foule élue en est tombée. Ils ont pourtant quelque chose de bon ; ils se disent assez leurs vérités ; mais ils n’ont guère que cela pour eux et un appétit d’emplois et de profits qui n’a jamais été égalé. Du reste, ils sont conduits par une commission, la commission l’est par trois membres. C’est ce que les libéraux ont appelé le régime de la liberté publique, la vie politique etc.

Naturellement ils ne sont pas contents et répètent volontiers un de leurs mots favoris : « on nous mène aux abymes ». On les y mène périodiquement. Ils tombent ; ce n’est pas un grand mal ; mais le pays tombe avec eux ; encore une fois, ils ne sont pas gens à s’étonner. Ils demandent pardon à Dieu et aux hommes et recommencent. Le monde dût-il s’écrouler, il leur faut le régime parlementaire, il leur faut être députés ; il leur faut parler ; il leur faut placer leurs électeurs, placer leurs protecteurs, placer leurs familles, avant tout se placer eux-mêmes ; placer est la grande affaire de leur vie et diriger et mener aux abymes. C’est convenu. Puis ils en sortent et toujours et encore, ils recommencent.

Ils sont prêts à exploiter toutes les paroisses. Après