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s’en revêtent tout aussitôt que les premiers propriétaires n’en veulent plus. On les voit se présenter bravement avec des costumes démodés et ne pas même réussir à provoquer des discussions sur les théories qu’ils essayent de faire reprendre et dont chacun est saoul, l’école libérale elle-même qui s’est beaucoup perfectionnée depuis quelques années.

Lorsqu’elle vint au monde, vers la fin de l’ancien régime, ses yeux étaient à peine ouverts à la lumière, qu’elle aperçut au-delà de la Manche les institutions anglaises et elle en resta fascinée. Elle fut frappée de leur fonctionnement, mais beaucoup plus encore des allures de ceux qui en jouissaient. Elle ne prit pas garde qu’il existait dans ce pays-là une église nationale puissante par ses droits territoriaux et au moins autant par ses prérogatives politiques ; que des communautés municipales répandues sur tout le royaume y exerçaient des droits fort étendus et incontestés ; que les deux éléments essentiels à toute existence d’État comme d’individu, le mouvement et la conservation, s’étaient incorporés dans deux camps aussi dévoués au maintien des choses britanniques l’un que l’autre, les Whigs et les Torys, et qu’en se faisant échec, ces deux camps donnaient le mouvement à l’ensemble ; elle ne vit pas, enfin, qu’une aristocratie rompue à la pratique des affaires, fière de ses droits, habile à en user, entendait bien, Whig ou Tory qu’elle était, tirer le meilleur parti possible pour ses intérêts et ses vues, de la situation qu’une lutte incessante lui assurait dans les conseils de la couronne et la conduite générale et particulière de la politique, mais que pour rien au monde, les Whigs n’eussent voulu, en la contenant, souvent avec excès, annihiler l’autorité