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heureusement, a peu de science, ayant grand peur de l’esprit, sous prétexte que c’est l’esprit qui a fait la Révolution tandis que c’est tout simplement la bêtise, le royaliste croit pieusement qu’autrefois on était vertueux et qu’on a grand tort de ne plus l’être ; mais que si le Roi reprenait sa couronne, on le redeviendrait indubitablement. Comment ? Par quel procédé ? Il ne s’en explique pas, même vis-à-vis de lui-même ; mais il est sûr de ce qu’il avance ; cela doit suffire et les trois banqueroutes qu’il a faites à l’espérance publique depuis 1830, ne l’affectent pas autrement et ne lui semblent pas tirer à conséquence. Que le bon droit triomphe seulement et pourvu qu’il se maintienne, on verra à quel point on sera heureux !

Voilà le raisonnement de la masse du parti royaliste. On ne peut que le donner pour ce qu’il vaut. Il est lamentable que ces gens aient si mal appris l’histoire de leur pays qu’ils prennent l’époque de Louis XIV pour le temps plein de sa vraie grandeur et en soient réduits à ne pas se connaître eux-mêmes, ni la cause qu’ils devraient mieux servir. Eux, les hommes de la tradition, ils la méconnaissent ; ils l’ignorent et payant ainsi leur ignorance et leur mollesse par l’impuissance où on les voit, ils ne peuvent ni s’aider, ni aider les autres, et restent à croupir dans la misère actuelle, ils ne sont et ne peuvent être d’aucun secours.


CHAPITRE XXI.

Ceux d’entre eux qui se croient les plus avisés, se montrent encore les plus aveugles. Ce sont précisément ceux-là, qui recueillant les vieux habits de l’école libérale,