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après la clôture de l’ère périmée, des résultats de cette importance. Mais ce ne fut pas tout.

L’Empire d’Occident alla sur son déclin. Les barbares établirent sur ses ruines leurs royaumes, leurs duchés, leurs seigneuries de diverses formes. Le monde byzantin dans la partie de l’Italie qu’il put retenir institua les exarques. Mais là où l’esprit latin continua à vivre, libre de se constituer suivant son instinct, que fit-il ? Le vit-on imaginer, comme l’Ile de Bretagne, un empire en petit ? Le vit-on comme la Gaule recourir aux monarchies ? En aucune sorte, il replanta la République ; c’était sa forme normale, c’était son mode naturel, légitime d’exister et cela peut montrer à quel degré de vitalité, de profondeur et de force se maintient, même à travers des siècles d’impulsion toute contraire, l’esprit qui a créé un pays et qui lui a donné ses véritables raisons de s’estimer au milieu de tous les autres.


CHAPITRE XIX.

Cette idée était si forte en France, au sortir du désastre de 1871, que la majorité des pays s’y attacha, s’y cramponna et donna lieu à la production des plus singuliers phénomènes. J’ai déjà fait remarquer qu’après 19 ans d’Empire et 18 ans de gouvernement du Roi Louis Philippe, plus une année de République, ce qui fait, en tout, trente-huit ans d’interrègne, cette majorité s’attacha à envoyer à l’assemblée de Bordeaux, autant de royalistes qu’elle en pût recueillir.

Avec leur absence absolue de programme, ces mandataires se montrèrent hors d’état de donner à l’embarras général la solution qu’on attendait d’eux et, comme