Page:De Gobineau - La Troisième République française et ce qu'elle vaut, 1907.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 38 —

1814, amendée, modifiée, corrigée, élargie par des emprunts aux constitutions subséquentes, toutes combinaisons qui ne leur appartiennent pas en propre, dont les instituteurs premiers ne sont pas des saints de leur paradis, et ceci les entraîne à recommander telles et telles variétés du suffrage restreint ou même du suffrage à deux degrés et quelquefois même du suffrage universel ; là-dessus, le désordre tourbillonne dans leurs rangs, ils se querellent comme les autres partis, ayant en moins l’originalité des conceptions d’emprunt avec lesquels ils s’apostrophent.

Ce n’est pas de quoi ramener dans leur bercail une nation écœurée, blasée, ennuyée, qui s’appuirait peut-être sur des faits mais qui du moment qu’on la rejette dans les phrases en a une provision qu’elle sait bien répéter toute seule. Est c’est parce que les royalistes ne savent pas lui proposer quelque chose de nouveau et leur appartenant en propre, et dont ils soient les dispensateurs exclusifs que leur véritable et grande force, l’autorité irréfragable qui, malgré tout, réside en eux, demeure sans application possible.


CHAPITRE XVII.

Car une force, une autorité, ils l’ont ; même ils sont faits d’un tel métal que rien n’a pu l’entamer ni persuader aux masses, dans le for intérieur, que la valeur y manque. On ne sait pas l’extraire, ce métal, on ne sait pas à quoi l’employer ; on le déclare même souvent, avec colère, avec emportement, avec mépris, sans usage possible. Mais, à tous moments on tourne les yeux de ce côté, on y revient, et une sorte de velléité ou de