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magasin de tortures à l’Ambigu comique. Récemment encore, en 1870, ce sont eux qui ont amené les Allemands en France et non seulement l’écume des manufactures, la population des cabarets s’est exaltée sur cette idée, mais des hommes riches, libéraux de l’école de M. Guizot, je pourrais nommer un ancien député, tristement improvisé général pendant la guerre, qui a fait lui aussi la guerre aux prétendus amis des Allemands, cherchant à mettre à mal des gens qui payaient un peu mieux de leurs personnes et de leurs bourses qu’il ne l’a fait lui-même.

À tout cela, les royalistes répondent tant bien que mal et plutôt mal que bien par des dénégations indignées, des protestations, des dithyrambes et des apologies. Ils se donnent le même mal que les Danaïdes et recommencent sans beaucoup de succès leurs démonstrations adressées à des gens qui ne croient pas le moindre mot de ce dont les royalistes sont accusés, mais qui continuent à mentir parce qu’ils trouvent créance dans les intelligences d’en bas et même dans les intelligences moyennes. Voilà les inconvénients de la défensive.

Il est vrai que cette défensive est rendue plus laborieuse par la queue que les légitimistes ont à leur suite, queue dorée, enrubannée, pommadée, qui traîne dans trop de salons ; c’est tout ce monde de tout âge et surtout de toute provenance, d’autant plus avide de distinctions qu’ils en méritent moins, et qui se pique de proclamer très haut son mépris supposé héréditaire pour le vilain et le plus ardent désir de le revoir taillabilis de alto et basso, ad voluntatem, comme assurent-ils, Monsieur leur grand-père s’en donnait si volontiers le divertissement. Il est probable qu’en effet, Monsieur le grand-père de ces messieurs s’est enrichi dans les gabelles et les gabe-