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CHAPITRE XV.

Dans un autre milieu, dans des conditions plus fécondes que celles où ils sont placés, les royalistes français ne manqueraient cependant pas de compter dans la somme des meilleures et plus utiles ressources de la vie française. On pourrait alors les considérer comme un des étais solides de l’existence commune.

Sans doute, on leur reproche justement de ne pas offrir une théorie politique leur appartenant en propre. Les socialistes ont un programme, ils en ont même plusieurs ; les impérialistes en ont un, peut-être un peu vague et indéfini, inclinant tantôt vers la droite, tantôt penchant vers la gauche, flattant les uns, épouvantant les autres, du couronnement de l’édifice. Les constitutionnels offrent la panacée du parlementarisme, la dosant de différentes façons, l’administrant de différentes manières, admettant ou rejetant telle ou telle combinaison. Leur système est une médicamentation savante qui a empoisonné le malade quatre ou cinq fois depuis soixante ans ; mais, à les entendre, uniquement pour des raisons de détail. Les légitimistes ou mieux les royalistes n’ont rien en propre.

Ils sont dès lors en butte à la mauvaise foi de leurs adversaires. Ceux-ci les taxent de vouloir ramener la féodalité, les corvées, les droits onéreux et même le droit du seigneur. Cela se dit dans les campagnes. On les déclare avides de reprendre en bloc ou en détail les biens nationaux, d’accaparement des fonctions publiques en faveur des nobles. Ils imposeront les billets de confession, rétabliront la loi du sacrilège et il ne sera fils de bonne mère qui ne soit au moment d’être traduit tôt ou tard devant le Saint-Office dont on peut voir le