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se mirent jamais complètement en dehors de la vie nationale et ils soutinrent les mêmes données du système gouvernemental que s’efforçaient de conserver ceux qui avaient transigé dès le début avec Guillaume et Marie ; ils restèrent au fond, comme ceux-ci, des Torys, et grâce à eux, le nombre de ces derniers alla toujours grossissant à mesure que les espérances de restituer toutes les parties du passé, intégralement, dans le fonctionnement de la vie nationale, allèrent s’atténuant. Personne parmi les Jacobites, personne parmi les Torys, n’eut un instant la pensée de s’abstraire dans le néant, par principe, et de faire ce qui en France a été appelé assez justement bouder ; personne, surtout, ne s’en voulut prendre à la royauté, elle-même, en la voyant planer sur une tête nouvellement surgie, ce qui est arrivé souvent aux légitimistes français.

De telle sorte qu’un jour arriva où la partie pratique des idées Jacobites se retrouva être de mise tout autant qu’elle avait jamais pu l’être, et où le premier, le plus respectueux de tous les théoriciens du royalisme absolu, le Jacobite par excellence, fut Georges III, qui, de toutes manières, s’efforça de montrer que la loyauté dont il n’avait plus rien à craindre en fait, lui était particulièrement agréable en doctrine. De la sorte, l’Angleterre continua à posséder ces éléments indispensables et précieux de toute liberté, des partis, et n’eut pas à donner abusivement ce nom, comme on le fait en France, à des factions. L’élément conservateur, un instant divisé, se rajusta, plein de force, et rendit à la société entière, à ses adversaires, comme à ses amis, aux Whigs, comme plus tard aux libéraux, la part de services qu’on était en droit d’en attendre.