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mains, sous ses pieds, en ne laissant en dehors du rayon de sa vue, ni mouvement vital, ni action tant soit peu indépendante qu’elle ne cherchât à garrotter, et après avoir rassemblé tant de dépouilles et la vitalité qui s’y trouvait collée, jetant ce butin en proie à l’administration qui, elle, en 1791, passa toute entière aux gens de la révolte et ne laissa rien à sa créatrice que ce qu’on appelle les yeux pour pleurer, elle avait préparé de longue main, creusé la fosse où elle devait tomber et périr. À dater du jour où l’administration ayant pris toute la place du pouvoir souverain, eut commencé sa carrière de défections sceptiques, le royalisme devint un malheur individuel, honorable aux victimes, inutile au pays, et qu’on le compare à ce qu’il avait été aux mains des jacobites anglais.

Ceux-ci, assurément, ne furent ni les plus habiles, ni les plus sages, ni les plus chanceux des hommes.


CHAPITRE XIV.

Ils ne furent rien de tel ; ils restèrent toutefois un des éléments les plus solides de l’existence anglaise et retrouvèrent assez vite l’emploi actif, utile, la position égale à ce qui était le plus haut dans la politique de leur pays, et cela, parce qu’ils demeurèrent essentiellement et avant tout royalistes et que leur attachement à la maison de Stuart fut la vertu et non l’essence de leur raison d’être.

Les plus zélés parmi eux se piquèrent d’être loyaux ; ils le furent et le payèrent souvent de leur vie. Mais les tièdes, c’est à dire le grand nombre, comme partout, ne