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des temps, la Lieutenance générale du Royaume, État et Couronne de France, et c’est si peu de chose qu’il faut enfin s’en sauver, quand la pluie devient trop grosse, pour aller tomber Dieu sait où ; mais assurément jamais, l’histoire ne le veut pas, dans quelque chose de sage et de durable comme serait la monarchie ou la République. On est bien trop ahuri pour savoir se diriger soi-même et faire une si bonne fin.


CHAPITRE XIII.

Ainsi de la République, qu’il n’en soit pas question. Ce n’est pas de ce côté que, dans ses chancellements, s’avance l’impuissance actuelle. Est-ce donc vers la monarchie qu’elle marche ? Non, est écrit à quelques lignes plus haut. Il reste à démontrer pourquoi, et c’est par l’anatomie du parti légitimiste qu’il est à propos de commencer.

Tel qu’il est, il a subi le malheur d’une faute grave et celle-là, il ne la doit pas à son instinct naturel, mais à l’intervention savante d’un théoricien, qui n’a, d’ailleurs, pas été moindre que M. le Prince de Talleyrand lui-même. C’est d’avoir pris le nom qu’il porte.

Jamais, jusqu’à ce moment-là, il n’était passé par l’esprit du parti tenant aux anciennes formes de se qualifier autrement que royaliste ; ce mot, en effet, disait en France et pour la France tout ce qu’il était à propos de penser, d’exprimer et de dire. On était royaliste, cela signifiait que l’on adhérait au gouvernement historique du pays, né avant le pays, l’ayant composé lentement, difficilement, laborieusement de bien des morceaux épars dont la soudure lui avait coûté des peines et des travaux infinis. Ce gouvernement avait subi bien des mo-