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assuré. Mais, en attendant, on peut assez compter sur eux. Il ne faut pas cependant s’y méprendre : on peut surtout compter sur eux pour combattre ou honnir ; mais il y aurait imprudence à les tenir pour des croyants actifs et, en tous cas, ils ne sont guère habiles, ces Pélagiens ou Semi-Pélagiens auxquels la foi a manqué pour soutenir leurs dires indéfiniment dans les épreuves et que le ciel n’avait pas assez énergiquement trempés pour que le « credo quia absurdum » pût rester au fond de leurs cœurs ; ils n’ont pu devenir que de fort médiocres payens, id est, en cette rencontre, des républicains louches.


CHAPITRE XII.

Il n’en est pas moins vrai qu’en additionnant, au point de vue du nombre, les différentes compagnies énumérées ci-dessus et, si l’on veut bien faire abstraction, pour un instant, de leur valeur intégrale, la France, dans sa majorité, se trouve pour le moment être républicaine.

Cette conclusion de ce qui précède peut paraître singulière, elle n’en est pas moins certaine et pour la rendre tout à fait irréfragable et la faire admettre sans difficulté, je citerai l’opinion d’un juge inconscient, sérieux, solide qui ne se doutait pas le moins du monde de la valeur incomparable de son propos, qui, précisément pour ce motif, devenait irréfutable. C’était un cultivateur de chez moi, parfaitement honnête, riche d’ailleurs et magistrat, parce qu’il est maire. Il exposait en termes fort nets la déconsidération dans laquelle il tenait certains de ses voisins, parce que, disait-il, c’étaient d’éternels ennemis du gouvernement. Il les avait connus dans l’opposition de gauche, sous le Roi Louis Philippe pour lequel