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CHAPITRE XI.

J’allais oublier ceux qu’on pourrait appeler les Pélagiens et Semi-Pélagiens de la politique et j’en serais désolé ; il est vrai qu’au point de vue doctrinal, ils ne sont pas intéressants ; toutefois, ce sont des gens avec lesquels il faut compter, parce qu’ils ne laissent pas que d’être remarquables ne fût-ce que par leurs inconséquences. Ils auraient même quelque droit à se faire considérer comme constituant encore, malgré tout, la pâte dans laquelle la République pourrait encore, sous bien des réserves, pétrir quelque chose ressemblant de loin à son image.

Il existe des gens, épaves des différentes révolutions successivement effeuillées depuis 1789, lesquels ne croient plus ou ne croient qu’un peu, mais en tous cas, croient d’une manière insuffisante à ce qu’ils ont professé à un moment quelconque de leur vie. N’ayant pas eu ce qu’ils voulaient, ils se sont mis à détester ce qu’ils supposent le leur avoir pris. Ils ne tiennent compte ni des fautes de leur ancien parti, ni des impossibilités qui ont empêché l’établissement de leur système préféré. Ils s’en prennent de la chute de leurs théories à ce qui en a triomphé.

Que ne considèrent-ils pas cette vérité de fait qu’un parti ou un système politique n’est jamais rendu impotent que par lui-même ! Alors, ils comprendraient que les adversaires n’en viennent jamais à bout qu’à l’aide de ses propres défectuosités. Ou bien, il repose sur des bases qui n’en sont pas ou n’en sont plus ; ou bien, il se place de lui-même hors de l’équilibre de ces bases ; ou bien, il exagère ses doctrines de manière à en paralyser la partie usuelle et à en faire prédominer les