Page:De Gobineau - La Troisième République française et ce qu'elle vaut, 1907.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 20 —

terre et repue de viandes à bon marché va, de toute nécessité, se trouver réduite, pour que de si belles innovations se produisent.

Dans tous les systèmes, sans exception, qui tournent autour de l’idée socialiste et se piquent de la réaliser, il y a encore deux pivots essentiels à la mise en mouvement de la machine : la suppression du dieu individuel et des religions diverses découlant des anciennes formes de la foi, puis la castration rigoureuse de toute science, mutilée de telle sorte qu’elle ne doit plus connaître et livrer que des enseignements positifs et immédiatement applicables à un but décidément pratique. Le christianisme, en particulier, doit être exterminé de fond en comble et sa dernière racine soigneusement arrachée. Rien de plus logique. Le christianisme est un élément très actif de l’idée personnelle et du développement de la conscience chez l’homme. Or, il ne faut plus admettre que l’idée collective seulement et l’homme doit être absorbé dans l’humanité. De là cette haine dont les écoles sensualistes poursuivent les religions.

Mais, à part toutes formes de croyances, et en les supposant aisées à détruire, quelque chose d’essentiel à la nature, au tempérament humain se fait pourtant apercevoir qui ne saurait être extirpé. C’est l’instinct par lequel le sauvage le plus assimilé à la matière est constamment induit à chercher en dehors, à côté ou au-dessus, ou si l’on veut, au-dessous de lui, un objet quelconque de respect ou de vénération. Il adorera un tronc d’arbre, s’il n’a pas mieux ; un lézard ou un bœuf, s’il se raffine ; mais il adorera quelque chose. Ici, il adorera l’Inspecteur et le Délégué dispensateurs authentiques de ses jouissances et maîtres de sa vie ; ces deux messieurs