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veur : du mérite, il n’en saurait être question. Pas de mérite au monde qui au point de vue du droit vaille l’ancienneté, à celui du fait, la faveur. Le mérite, c’est le nom de la monnaie ; mais ce n’en est pas le métal.

Entrer dans le détail, dans les applications de cette vérité en ferait ressortir la force et apprécier les résultats. Mais passons. Il vaut mieux se borner à montrer comment, en conséquence, et par application normale du principe de l’égalité les forces de la nation tournent toutes à ne produire que des non-valeurs intrigantes, remuantes et inefficaces ce dont la forme républicaine ne saurait tirer aucun avantage ni pour son établissement, ni encore moins pour la prolongation de son existence. Ce serait quitter la piste ici poursuivie que d’entamer un pareil examen. Il faudrait, pour bien faire, prendre l’un après l’autre tous les services publics et montrer ce qu’ils sont devenus, ce qu’ils vont devenir en comparaison de ce qu’ils ont été dans le passé, par l’effet de l’application prolongée du système. On verrait comment d’en bas la gangrène a gagné graduellement en haut, et on s’expliquerait les malheurs de la guerre de 1870 — encore mieux les faits plus tristes qui ont suivi la catastrophe et qui maintiennent le pays dans l’état misérable où chaque jour il s’enfonce davantage. Certainement, ce labeur répugnant s’accomplira quelque jour et le bilan des différents ministères sera donné à mailles, sous et deniers. Mais, pour le moment, ce qui importe ici c’est de poursuivre la contemplation de l’ensemble et, d’abord, de voir jusqu’où cet ensemble porte ses ravages.

Ce serait trop d’avoir dans une contrée comme la France, toutes les branches de l’administration viciées par l’application de la doctrine égalitaire. Il est incon-