Page:De Gobineau - La Troisième République française et ce qu'elle vaut, 1907.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —


rait en effet y avoir pour elle que deux titres valables : l’ancienneté et la faveur. La première n’effarouche pas précisément l’égalité ; la seconde lui sourit à beaucoup de titres mais surtout parce que c’est un jeu de hasard. Ainsi, voilà le bâton de maréchal trouvé ; il est dans la giberne du soldat, en effet. C’est à la longue, à la longue qu’il en sortirait, si la fortune et rien que la fortune ne passait par là. Pauvre fortune ! Est-elle libre encore ? Non, elle n’est ni libre, ni honnête et, certainement, elle est beaucoup moins capricieuse qu’on ne le raconte ; de sorte que, sans ancienneté, même sans faveur, et seulement en retrouvant çà et là des voies souterraines dont les embranchements se sont horriblement multipliées, elle jette, à tous moments, dans les ministères, dans les armées, dans les escadres, dans tous les services publics, ces bandes de mandarins, sur lesquels il y a beaucoup à dire si un seul instant on les regarde, en particulier, du haut en bas. En ce moment, on se doute qu’ils ne valent pas l’argent qu’ils gagnent et que le mal résultant de leur présence dans les emplois ne se borne pas à la dilapidation des ressources publiques si mal employées.

CHAPITRE VI.

Leur principal vice, en laissant les autres à l’écart, celui dont il s’agit ici, c’est de ne valoir quoique ce soit au monde, pour qu’on en puisse fabriquer ni royalistes, mais non plus ni républicains, assurément. Très pénétrés, par leur tempérament, de l’inviolabilité du dogme égalitaire, ils le sont ; c’est leur avoir. Ils obtiendront emploi et ensuite avancement, par l’ancienneté ; mais, surtout s’il se peut, et c’est là le bonheur suprême ! par la fa-