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De sorte que la France maintient la République, d’un côté pour qu’elle tombe, de l’autre pour que quelque chose d’indéfini, mais qui ne soit pas ce que veulent les Républicains, soit procuré par le hasard.


CHAPITRE II.


Les républicains présentent des robes et des variétés très diverses. Il est inutile de parler de l’espèce idéale. Celle-ci ne joue un rôle qu’en fournissant des personnages de prosopopée aux discours publics. Dans la pratique, on ne doit compter que les énergies actives ; c’est pourquoi mettons à l’écart une catégorie nombreuse qui se proclame républicaine et même contente de l’être, mais dont la conviction se fonde sur cette unique donnée que la monarchie libérale ne serait pas possible en ce moment. Si la monarchie libérale devenait possible, ces républicains seraient des royalistes constitutionnels ; il suffira d’une combinaison quelconque d’événements, de nécessités ou même d’apparences, pour faire admettre et déclarer de suite par Tacite, Pline le Jeune et leurs analogues que Trajan est la meilleure des Républiques à moins que ce ne soit quelque contrefaçon de Nerva.

De là, cet axiome incontestable : ce qui en France souhaite un gouvernement libéral à l’ancienne mode, n’est républicain qu’en désespoir de cause, et, par conséquent, ne le restera pas. C’est un vrai malheur : car ainsi se met à néant l’accomplissement de ce vœu si caractéristique : une république sans républicains, c’est-à-dire une poule conduisant des canards. Mais ce qui arrive à la rencontre du premier cours d’eau, chacun le peut prévoir.