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qu’elle rallume la vie dans tous les foyers qu’elle en possède et que la flamme en rayonne autour d’elle. Que chacun travaille dans sa province avant et au lieu d’aller faire des phrases à Paris ; mais pour cela que chacun puisse trouver quelque chose à faire dans cette province aujourd’hui réduite à l’oisiveté de la servitude, en quelques mots, qu’un affranchissement effectif sorte enfin de toutes les phrases martelées depuis un siècle, principes de 89, libertés politiques, démocratie et tout ce qu’on voudra, que les provinces traitent d’égal à égal avec Paris et on sera étonné de voir renaître et sortir des ténèbres opaques où, dans ce moment, l’œil le plus exercé ne peut débrouiller quoi que ce soit, on sera étonné de voir remuer la France véritable, toutes choses reprendre leur vrai nom et leur vraie place, les besoins anciens, nouveaux, permanents et transitoires se manifester de façon à ce qu’il soit évidemment commandé de les satisfaire ; on aura des majorités réelles et on pourra établir une légalité indestructible parce qu’elle sera vraie.

Puisque la France ne sait pas en ce moment ce qu’elle veut, Royauté, Empire, République, socialisme, anarchie ou césarisme, qu’elle pense donc à se consulter non pas à la manière centralisée, elle ne fait autre chose depuis de longues années et en est arrivée au marasme où on la voit ; qu’elle se consulte elle-même et pour se consulter qu’elle se retrouve. Que les Périgourdins ménagent à leur gré leurs affaires et que les gens de la rue de la Paix s’entendent avec ceux du faubourg Saint-Marceau. Ils finiront peut-être par faire d’assez bonne besogne et on a vu, même pendant la Commune de 71, des gens, Parisiens réels,