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siècle les a perfectionnées. Elles sont aujourd’hui à leur apogée ; elles ont inventé Paris Ville Sainte et frisent l’idiotisme. Tant qu’elles s’accompagnaient de l’insolence victorieuse du premier Empire et de la turbulence inquiète du second, elles ont fait peur à toute l’Europe ; la peur s’accompagna nécessairement d’une haine méritée. Aujourd’hui qu’il n’y a plus lieu d’avoir peur, on rit, le mépris donne le bras à la haine et voilà une mode de patriotisme qui rend de bien grands services à la France ! Il ne serait pas mal d’y renoncer et de revenir aux anciennes méthodes : ne pas tant se diviniser d’une part et de l’autre, ne plus s’aviser de coucher soi-même à terre la Colonne de la grande armée. Ce sont des excès entre lesquels il faudrait recommencer à vivre, loin de l’un comme de l’autre.


CHAPITRE LII.


Qu’on se retourne vers les provinces dont l’adjonction successive a formé le territoire. C’est un beau territoire dont un grand prince a dit que n’étant pas Dieu le Père, c’est de ce pays-là qu’il voudrait être maître ; on voit là autre chose que la France factice créée par la centralisation. Qu’on suppose seulement ce grand corps débarrassé de l’écume des attaques d’épilepsie, communiquées périodiquement par Paris. On trouvera un tempérament solide et qui, même aujourd’hui, ne demande pas mieux que de guérir. L’esprit de raison n’y manque pas. L’imagination n’y domine point. Le goût du repos, de la vie paisible, du travail sans trouble y apparaît et l’opinion publique s’y tourne volontiers à