Page:De Gobineau - La Troisième République française et ce qu'elle vaut, 1907.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 118 —

les majorités. Ceux qui l’ont suivi ont descendu la même pente. Aucun ne cherchait, ne prévoyait ce qui arrive et mettra la population française dans les mains administratives, de telle sorte qu’elle en arrivât à être malléable comme une cire, ne semblait pas devoir produire l’anéantissement complet du pays et en réduire les habitants à ne plus être que l’espèce de bouillie gélatineuse, l’amas de monères, diraient les physiologistes, avec lesquelles on fabrique ces majorités transformables, muables, indéterminables dans leurs métamorphoses sans fin et sans repos, aujourd’hui royalistes, demain impérialistes, après-demain radicales, non d’elles-mêmes mais au gré de l’impulsion que donne le coup d’aile de la fortune.

Et sur cette confusion inorganique plane cette légalité, émanation putride, reflet exact de l’état des majorités elles-mêmes et qui ne pouvant ni ne devant, vu son origine, conquérir rien qui ressemble à du respect, ne saurait non plus servir de fondement à quoi que ce soit. Il ne faut pas savoir beaucoup d’histoire pour avoir appris que lorsque la démocratie athénienne et les républiques de Florence, de Pise, de Lucques en furent là en fait de légalité que leurs codes n’étaient plus que des arsenaux fournis d’armes aiguisées contre telles ou telles factions, ce jour là, elles avaient pris fin et la destruction allait les saisir. Or, la France en étant au même point, doit faire quelque chose pour éviter un pareil sort et se tirer du gouffre.


CHAPITRE L.


Il existe encore un mal qui active singulièrement la marche de la décomposition et empêche même cette