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il entrera et il sortira et le travail de dissolution recommencera, non pas quand il sera tombé et sorti, mais du jour même de son avènement. À l’heure actuelle, la France, avec un corps paralysé, une tête ahurée, cet amas d’humeurs malsaines qui pourrit toutes ses classes supérieures, ce prurit de malaise, de faim, d’appétences nerveuses, qui agace sa plèbe, ne saurait absolument se donner un régime vraiment légal, c’est-à-dire durable, qu’il s’appelle Royauté, République ou Empire et quand un pays en est là, il marche vers la mort par démembrement et tôt ou tard ses voisins vont y prendre les morceaux qui leur conviennent comme on s’approvisionne dans les vieilles masures de pierres pour de nouvelles constructions.


CHAPITRE XLIX.


Le dilemme est pressant. C’est un de ces cas où pour sauver l’essentiel, c’est-à-dire la vie, il convient d’écarter les préférences les plus naturelles et même les convictions les mieux fondées. Savoir si la France sera république, savoir si elle redeviendra monarchie et sous quelle dynastie, ce sont des questions graves, mais vivre est plus pressant encore.

À quoi bon rechercher si les anciens gouvernements ont eu tort ou raison de fortifier leurs moyens d’action comme ils l’ont pu ? Tous ont passé au plus pressé ; M. le Cardinal de Richelieu se défendait de son mieux contre les intrigues des princes du sang et des favoris et ne se doutait pas qu’il faisait de la centralisation. Assurément il eût préféré lutter un peu plus contre M. de Cinq-Mars que d’avoir à compter avec