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entière à Paris, avait certainement depuis Louis XIV et la Convention accumulé de puissantes ressources dans les mains du pouvoir central, mais que cette organisation était violente, factice, et constituait, en définitive, sous tels noms qu’on voudrait lui donner, l’absolutisme le plus révoltant, ce qui tenait la France en état perpétuel d’apoplexie. Il eut des intentions d’apporter des tempéraments à cette tension dangereuse. Il s’annonça, dès 1848, comme hostile à la centralisation. Il proposa de grouper les départements en un nombre restreint de gouvernements ; il admit en principe l’extension des attributions communales ; il maintint à la Savoie son nom séculaire, dans l’espoir de lui garder autant de vie qu’elle en pourrait sauver sous le régime commun qu’il fallait lui insuffler et qui ne pouvait que la stupéfier comme le reste ; ces velléités ne purent cependant aboutir à rien d’utile. À quels agents eût-il dû s’adresser, pour en obtenir des réalisations pratiques ? À des fonctionnaires élevés et nourris dans le culte de la centralisation et n’apercevant au dehors que l’anarchie. Il se brisa contre une impossibilité. On n’eut pas, d’ailleurs, grand’peine à le lui démontrer.


CHAPITRE XLVII.


Puisqu’il avait adopté le suffrage universel et la fiction de la volonté nationale, il lui devenait impossible de livrer cette marionnette à elle-même. Elle n’eût jamais remué ni bras ni jambes, mais les factions hostiles en eussent immédiatement saisi les fils et déterminé les mouvements. Ou s’en charger lui-même ou s’en laisser frapper. Il n’y avait pas de troisième alternative. Il serait