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fut frappé, car il conçut un certain nombre d’idées, extraordinaires au jugement de plusieurs de ses partisans les plus dévoués qui ne voyaient rien d’autre à faire que continuer de se mouvoir en rond, dans le manège ordinaire.

L’Empereur comprit d’abord d’une manière extrêmement nette ce que vaut la classe des fonctionnaires ; il aperçut l’action dissolvante qu’elle exerce sur l’opinion publique et sur le gouvernement ; il pesa sa valeur de plus en plus négative au point de la tâche qui lui est assignée et qu’elle remplit de plus en plus mal. Dans cette disposition d’esprit, le souverain manifesta une tendance marquée à se dégager de l’influence qu’on était en droit d’appeler régulière et c’est par suite de cette disposition que, pour ne pas parler que de ce qui est le plus complètement à ma connaissance, il établit autant qu’il put en dehors du ministère des Affaires Étrangères le mouvement général et les détails de sa diplomatie. De là cette politique singulière, pleine de contradictions, risquée, aventureuse, dont les moyens étaient le plus ordinairement choisis dans des suggestions fortuites, de là ces négociations menées en dehors de la participation et quelquefois de la connaissance des ambassadeurs et des ministres, de là cette pointe de spontanéité et d’irréflexion reprochée à tant de titres aux procédés mis en usage. À l’intérieur, il en était de même, et pour la même raison : l’Empereur n’aimait ni n’estimait ni ne croyait le corps de fonctionnaires.

Malheureusement ce n’est pas assez de se jeter sur les bas côtés de la route, il ne vaut rien de cheminer jusqu’au genou dans la glèbe des terres labourées ; on ne se débarrasse pas ainsi des inconvénients, des fatigues