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Il faut le répéter : il eut un personnel détestable et il en porta la responsabilité ; le recrutement des employés donna de plus en plus des résultats fâcheux : c’était plus sensible sous la monarchie de Juillet que sous la Restauration ; le mal se développa d’une manière inouïe et pour peu qu’on fût en contact avec ce monde de fonctionnaires et d’employés, on vit des choses très propres à effrayer l’esprit. Mais, ce que l’on contemple aujourd’hui, tend à faire croire qu’en ce temps là, on s’étonnait à bon marché. Dans beaucoup de places, ce sont les mêmes hommes qui opèrent ; mais comme ils ont grandi, comme ils ont pris des forces, comme ils se sont développés ! Au jour où l’on mettrait à l’air tous les services ministériels, qu’est-ce qu’on verrait et qu’est-ce qu’on ne verrait pas !

Malgré le retour à la constitution de l’an VIII, malgré les formes fastueuses, malgré les fanfares dont le régime impérial croyait bien faire en remplissant les oreilles des populations, il n’y avait donc rien de nouveau, et la preuve c’est que par la pente la plus douce, on se retrouva un jour dans le carrefour de 1848. Le suffrage se trouva être la même personne à un autre âge qu’avait été le suffrage restreint, et, auparavant, le suffrage à deux degrés, se mouvant dans une pareille atmosphère d’inconsistance rationnelle. On était, comme tant de fois depuis 1789, retombé vers l’omnipotence des majorités, inconscientes, existant aujourd’hui, disparaissant demain, et on pouvait mieux voir que jamais et jusqu’à la corde (là fut peut-être une nouveauté !) quelle mauvaise étoffe, sans solidité, sans beauté, sans durée, a tissé la révolution.

On peut le voir et il semble que l’Empereur en