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a profit à insister sur les mérites qui en tant que mérites, doivent avoir produit quelque chose.

Le Roi Louis-Philippe, comme Louis XVIII, crut que le gouvernement représentatif, tel qu’on le comprend à Paris, sans bases communales, ni provinciales, sans institutions séculaires, définies, inattaquables, sans grande ni petite aristocratie, était possible et il ne vit autre chose qu’une explosion de tempérament individuel dans le mot de M. Thiers « le Roi règne et ne gouverne pas ». C’était cependant le parlementarisme entier exprimé en sept mots, d’après lesquels le Roi n’est autre chose que le grand Électeur de la constitution de l’abbé Sieyès et le ministère la proie des majorités, en un mot, ce que nous voyons, avec les conséquences au bout. En croyant pouvoir gouverner avec cette machine, il pensa aussi que le pouvoir exécutif était trop fort et que, par la vertu de son habileté, il n’y aurait nul inconvénient à en restreindre les moyens de défense ; la nouveauté de ce règne fut d’élargir les droits de suffrage et d’en faire désirer davantage.

La démocratie commença, comme on a dit, à couler à pleins bonds ; les ministères se mirent à tomber les uns après les autres avec la vélocité de ces capucins de papier dont la solidité est connue ; cette nation que le second Empire est censé avoir corrompue s’adonna candidement à la culture de l’assassinat politique, les scandales financiers se succédèrent, on cria pour avoir la guerre, on cria que la France s’ennuyait, on cria contre la mesquinerie d’une cour bourgeoise, on cria pour avoir du luxe, on cria que le commerce voulait qu’on s’amusât, on cria… que ne cria-t-on pas ? Ce fut l’époque où on cria le plus parce que le sou-