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citoyen ! Un Roi qui n’avait rien d’un Roi ! Mais un chapeau gris ! Un parapluie ! Et qui donnait des poignées de main à qui faisait mine d’en vouloir ! On fut dans l’ivresse, mais le ravissement s’éteignit bientôt et, tout de suite, on prit en horreur ce qui avait semblé si merveilleux, parce qu’on y vit l’effet d’un calcul et qu’on eut peur d’être pris pour dupe.

De toutes les choses de ce monde, la simplicité est ce que le Parisien comprend le moins ; il ne saurait se l’expliquer qu’en y voyant une complication et rien n’est plus naturel que les éloges prodigués l’année dernière en Norvège par un voyageur français qu’intéressait une cascade ; il louait l’administration du pays d’attirer les étrangers en leur accommodant des points de vue d’opéra. Car d’aller s’imaginer que la nature seule eût fait les frais du paysage, c’est ce que ne saurait admettre un homme d’esprit, et, cependant, le Roi Louis-Philippe se coiffait de son chapeau gris dans toute l’innocence de son cœur. C’était sincèrement que, nourri, par Madame de Genlis, des théories baveuses de la philanthropie bourgeoise, il s’était rendu citoyen et en donnant les princes ses fils à élever au collège, il pensait que les vertus d’ordre commun dont il allait meubler leurs âmes, ne pouvaient que servir le développement des aptitudes nécessaires à des hommes de sang royal.

Quant à lui-même, ses partisans l’ont loué de sa rare sagacité, de sa modération, de sa résolution suivie dans le système de gouvernement qu’il s’était tracé. Quant à ses ennemis, il est inutile d’en relever le thème. Ce sont choses passées, et l’invective ne sert à rien quand celui à qui elle s’adresse a disparu. On n’en peut même tirer aucune sorte d’enseignement tandis qu’il y