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ministre ne convient plus, on en avance un autre. Celui-là ne fait pas l’affaire, une autre combinaison se trouvera. On perd le temps, on ne fait rien qui vaille ; mais c’est amusant et le pays qu’est-ce qu’il devient ? Sous Louis XVIII, la révolution n’a pas le temps de se faire, mais sous Charles X, elle éclate, parce que le pays a pris au sérieux les adjurations des joueurs ; les royalistes sont convaincus qu’on va les mener à l’échafaud ; les libéraux sont persuadés que la chasse du Roi est un grand malheur et la grande-aumônerie le prélude des autodafés ! On avait alors une cour, la plus modeste, la plus timorée qu’on vît jamais ; M. de Peyronnet se permit une fois ce qu’on appela une malversation : il osa mettre des rideaux de serge verte dans la salle à manger du Ministère de la Justice. Nous voilà loin de ces temps héroïques ; mais la dynastie tomba et elle légua au nouveau régime une foi encore inébranlée dans une application du système représentatif qui n’était pas encore trouvée mais qui, une fois découverte, ne pouvait être que la plus belle chose du monde.


CHAPITRE XLV.


Quand la France parisienne se vit débarrassée des chasses royales et de la piété du souverain, elle fut assez contente d’elle-même. Elle ne donna aucun regret à un prince qui lui avait demandé peu d’argent, lui avait donné Alger, avait eu grand souci de son honneur, et sous lequel le commerce, l’industrie, la littérature, les arts s’étaient développés autant que faire se pouvait. Elle fut charmée d’en être quitte et se tourna vers le monarque dont elle se mit à adorer les façons populaires. Un Roi