Page:De Gobineau - La Troisième République française et ce qu'elle vaut, 1907.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 103 —

personnel du héros, la présence d’esprit, le courage dans un moment donné, une repartie opportune, l’habileté à se faire valoir, tout cela ensemble ou séparément. Puis lassitude ou ruine des compétitions arrivant à l’heure juste ; l’alliance de Monsieur Tel, ou les bons avis d’un autre, il y a de tout, des grandes et des petites choses dans le plus important des résultats, excepté ce qu’on appelle la volonté nationale qui n’est dans rien et qui ne constitue pas un ingrédient. La nation n’a pas de volonté. C’est un champ de blé dont les épis s’inclinent à droite et à gauche suivant que le vent les pousse. Faut-il rappeler le plébiscite de 1870 et ce qu’à la fin de l’année pensait la volonté qui l’avait fourni, si on veut absolument qu’elle ait pensé quelque chose. Mais la vérité vraie est qu’elle ne pensait absolument rien. Au commencement de l’année, elle s’en allait sur la route où la poussaient les préfets ; à la fin de l’année, elle courait comme ses nouveaux maîtres semblaient le vouloir. Elle voudra toujours ce qui se sera produit sous le soleil, pourvu qu’on le lui montre, car d’amener quoi que ce soit, elle en est parfaitement incapable, n’étant de sa nature qu’un fantôme ou moins encore, une phrase.

Elle servit à gâter la restauration des Napoléonides et lui mit dans le sein un mauvais germe d’où avec le temps s’épanouit en lui, ce qu’on appelle sa démocratie qui s’appuyant sur un retour de goût pour le parlementarisme n’a pas manqué de le perdre. Mais, au fond et en réalité, l’Empire aurait pu s’épargner un si dangereux parasite qui ne résulte pas nécessairement de son essence. En lui-même, il s’attache à une dynastie, repoussée par les uns, voulue par les autres, longtemps idolâtrée et