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nationale exige une monarchie, comme en tant que républicains c’est à la souveraineté du peuple qu’ils rendent leurs hommages, du moment que le peuple veut un maître, leur premier devoir est de s’incliner devant sa fantaisie.

Je ne suis pas fort touché de cette série de calembourgs et je tiens pour assuré que les consciences qui les réclament se contenteront toujours de la moindre aumône. Ou les aura même sans leur fournir aucun prétexte, car l’envie de venir les harcèle et on les gardera juste le même temps auprès de soi, c’est-à-dire tant qu’on sera en prospérité. Au jour des embarras, s’apercevant que la volonté nationale regarde ailleurs, elles ne manquent pas de vous laisser et d’y courir.

La combinaison de 1830 avait eu aussi son amorce : on avait dit aux uns, en leur montrant M. le Duc d’Orléans, « nous le prenons quoique Bourbon » et on supposait que cela suffirait aux républicains, aux Bonapartistes, aux irréconciliables, ce qui ne se réalisa pas ; aux royalistes faibles, on murmurait dans les oreilles : « parce que Bourbon » et on n’eut guère plus de succès. En ces matières on gagne en allant droit son chemin, sans employer de tels ménagements, car rien ne vaut comme d’être résolu si ce n’est d’en avoir bien l’air.

Il n’est pas certain qu’il existe jamais un grand profit à définir exactement une situation politique. En tout cas c’est souvent difficile. Lorsqu’une dynastie se fonde, déclarer que c’est par la grâce de Dieu, c’est le mieux du monde et tout-à-fait incontestable, car si Dieu ne voulait pas d’elle, elle ne se fonderait pas. Ira-t-on ensuite déterminer par quelles raisons humaines elle a surgi ? Ceci devient très compliqué : c’est par le mérite