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présentait avec tous les droits les mieux fondés, les droits héréditaires, bien entendu, la somme glorieuse des souvenirs les plus héroïques. Quand ils virent inaugurer le troisième Empereur de la dynastie, ils ne doutèrent pas du tout qu’ils ne fussent les confesseurs du vrai, du beau et du juste, et comme leur sentiment les ramenait à ce qu’ils considéraient comme la correction de toute usurpation accidentelle, et qu’ils ne voulaient rien que le droit, le second Empire ne saurait nullement être considéré comme un césarisme.


CHAPITRE XLIII.

Il s’en donna malheureusement un peu l’air en adoptant la formule : « par la volonté nationale ».

De pareilles précautions oratoires ne sont bonnes à rien. Suppose-t-on par là désarmer la colère des ennemis ou encourager les timides ? Les ennemis ne font que rire de la concession et, en effet, elle n’a ni portée ni valeur. Un républicain ne saurait jamais admettre que c’est la volonté nationale qui fait un Roi ou un Empereur ; à son avis, ce sera tout au plus la volonté nationale surprise ou déçue ou abusée ou mal interprétée ; mais la volonté nationale qui est sa volonté à lui, ne se donne jamais qu’à la République. Autrement, de quoi s’aviserait-il de préconiser cette dernière ? On objectera que certaines consciences ont besoin d’une telle déclaration pour passer au parti victorieux qui les allèche par tout ce qu’ils en espèrent, mais auquel ils ne peuvent passer sans une planche jetée sur le ruisseau. La volonté nationale est cette planche ; car, en effet, ils sont républicains et en sont fiers ; mais si la volonté