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D’ailleurs vers la fin du régime auquel présida M. Guizot que disait chacun ? Chacun disait : « la France s’ennuie ».

Puisque la France qui s’amusait pourtant avec une verve miraculeuse et tant qu’elle pouvait, ne s’amusait pas encore assez, il était inévitable que sous le régime qui allait lui venir, fût-ce la République elle-même, celle de 1848, elle voulût s’amuser encore davantage. Ce fut alors qu’on inventa d’aller aux réceptions de la Présidence. M. Marrast poudré et marivaudant, s’intitulant athénien, contemplant le jeune héritier de la maison endormi dans le berceau que, jadis, la ville de Paris avait offert à un prince. On faisait de son mieux. On voulait du plaisir, on voulait de l’imprévu, on voulait même faire encore rimer gloire avec le mot correspondant ; ce qu’on reprochait le plus amèrement au système du Roi Louis Philippe c’était la paix, il y avait une phrase à cette intention « la paix à tout prix ». Il était absolument inévitable que le gouvernement futur se montrât belliqueux.

L’Empire a corrompu les Français ! Après le XVIIIe siècle ? Après le Directoire ? Les Parisiens se corrigent donc, en effet, radicalement, comme ils l’ont prétendu dans les pantalonnades de 70, pendant les intervalles d’une corruption à une autre ? Alors ils devraient le prouver en ce moment même et certes, on n’a jamais vu plus nettement, plus clairement, régner partout l’abaissement moral et intellectuel ; jamais il ne s’est étalé plus au large, jamais les meneurs de l’État et ceux qui veulent prendre leurs places n’ont plus ouvertement lutté d’incapacité et d’ambition étriquée et jamais on n’avait vu non plus des personnages pour si peu recommandables qu’ils fussent, se dépouiller si complètement des dernières