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se tiendrait debout. Je ne parle pas des mérites ou des démérites de son gouvernement. Je veux le croire le meilleur du monde ; cela ne fait absolument rien à l’affaire devant la réprobation chronique dont il restera frappé par les républicains, les royalistes, les impérialistes et les libéraux. Ceux qui resteraient assez libres de prévention pour avouer in petto ses bienfaits constituent cette classe de tempéraments désossés dont aucun pouvoir n’a rien à attendre. La conclusion est donc que si un général peut très aisément se faire mettre sur le parvis par son armée, il en tombera tout aussi vite ; le tumulte se commencera plus ou moins pareil ; un même moyen en viendra à bout. Ce jeu peut durer longtemps, mais ne saurait produire aucun résultat définitif, si ce n’est d’ajouter à la liste déjà si longue des factions déjà contendantes la série plus ou moins nombreuse des favoris déchus produits de ces régimes éphémères.


CHAPITRE XL.

Il semble donc qu’un général victorieux de la Révolution, s’il est bien avisé, prendra son parti de recevoir la qualification d’esprit médiocre avec autant de philosophie qu’il en pourra éprouver et mettra de côté l’idée de faire le Vespasien, le Constantin ou le Théodose. Il déposera immédiatement le premier rôle entre les mains de tel personnage qui aura déjà autour de lui un parti tout fait et pouvant espérer quelque chose de durable, je ne dis pas, je ne dis nullement le réaliser. Malheureusement, un des partis conservateurs arrivant aux affaires, ne peut se dispenser d’alliances avec ceux qui auront souffert et combattu pendant la période de