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c’est que le général qui délivrera la France de ce qu’on fera, n’aura pas été plus tôt acclamé, porté au faîte du pouvoir absolu et encouragé à tout faire, que la population entière, moins son entourage immédiat ou médiat, va s’entendre à merveille sur ce point qu’il est une superfétation et que ce qui pourrait arriver de plus heureux serait d’en être débarrassé.

Il n’existe pas l’ombre d’un motif pour que les choses se passent autrement. Aucun parti n’aura abdiqué, aucun n’aura désarmé, aucun ne se sera attendri. Les craintes en se calmant auront disparu et beaucoup de fuyards tiendront à prouver qu’ils n’ont jamais eu peur. Quant aux gens fatigués, ils auront dormi et, partant, ne seront plus fatigués. Tout au contraire, ce qu’ils craindront, ce sera de s’ennuyer.

Si le général voulant se soutenir, a recours à l’élément civil, à la force administrative, il sera servi par l’un et par l’autre tout comme ses prédécesseurs l’ont été, c’est-à-dire, mené à grandes guides vers sa fin. Se veut-il, au contraire, contenter de sabres, de fusils et d’engins de destruction, il lui faut alors maintenir l’armée en bonne humeur et toute armée, pour se montrer telle, veut de l’avancement et quelque chose qui brille. Dans l’état actuel de l’Europe, que dira-t-on en Allemagne, en Italie, en Autriche, en Russie, voire en Angleterre ? Si le souverain se déclare disposé à vivre en paix perpétuelle avec tout ce monde, la nation lui déclarera en chœur et avec indignation que son armée n’est qu’une gendarmerie, il sera odieux, de plus ridicule ; et ses soutiens ne voudront pas longtemps partager de tels bénéfices. Alors, viendront les conspirations militaires.

Il est difficile de considérer comment le potentat