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vements et l’oreille à l’affût de toutes les paroles, ce fut ce hasard qui empêcha la révolution la plus folle de se réaliser sans le moindre obstacle. Il se trouva bien évident que les populations n’étaient pas le moins du monde attachées à l’Empereur, que les républicains n’étaient pas étouffés, que les royalistes conspiraient plus que jamais, que le clergé, devenu irréconciliable par la captivité du Saint-Père, ne voulait plus d’un régime hostile à la religion, il se trouva, enfin, que quelques années avaient suffi pour faire oublier les angoisses de la Terreur et les sottises du Directoire par ceux-là même qui avaient subi les unes et les autres, que personne n’ayant plus peur, n’avait plus de reconnaissance et partant plus d’adoration et que la première occasion, n’importe laquelle, serait jugée excellente pour renverser le vainqueur de Brumaire. Cette occasion, il ne fut pas donné au peuple français de l’attendre et de la faire naître. Il n’était pas seul en Europe à être fatigué du régime napoléonien et les contemporains se rappelèrent longtemps comme il reçut les alliés à bras ouverts ; mais si ceux-ci ne fussent pas venus, s’il s’était trouvé, au sein de la paix, en tête-à-tête avec son maître, il faut bien ignorer l’histoire de ce temps pour douter qu’il eût harcelé ce maître jusqu’au jour où il l’eût couché par terre.


CHAPITRE XXXIX.

Et, cependant, alors, comme la Révolution se montrait encore débile en comparaison de ce qu’elle est de nos jours ! Mais l’esprit d’indiscipline était déjà tout puissant et difficilement eût-on pu le transformer en attachement personnel, je ne dirai pas même dynastique.