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de Rome, auteur des guerres serviles, avec le militaire de l’époque moderne se fait sentir bien nettement.

Si le légionnaire est resté fidèle aux Empereurs et à leur monde, que ne fera donc pas l’homme armé de ce temps-ci qui est ou un propriétaire lui-même ou un fils ou un parent de propriétaires ? Nous en excepterons les prolétaires de quatre ou cinq grandes villes, mais nous compterons dans l’autre parti, ce qui est habitant aisé ou laborieux des mêmes grandes villes, et la bourgeoisie des petites, des bourgs, des villages et la population des campagnes, en résumé une portion notable des multitudes urbaines et la totalité des provinciales. De quel côté sera l’avantage du nombre dont les orateurs démocratiques sont si soigneux d’appesantir leurs arguments ? Sans doute, ce nombre ils l’ont eu, ils l’auront encore de leur côté dans bien des questions dont l’intelligence des foules ne voit pas les aboutissants, mais quand il sera clair et grand jour dans ce qu’on fait, ils le perdront et la statistique n’est ici ni compliquée à dresser ni douteuse. Ce qui se manifestera, c’est l’attaque violente et inexorable des libres-penseurs contre les catholiques, non pas catholiques zélés, pratiquants, contre les catholiques quelconques, même les tièdes et il n’est rien de tel que ce genre de menaces pour irriter les plus indifférents. On en verra sortir des bandes entières des flancs même de la démocratie, car personne n’aime à être contraint, et ceux-là tourneront leurs armes contre elle, tout aussi vivement que les paysans de l’ouest ou du nord-ouest. De sorte que les chefs militaires des novateurs en seront réduits à quoi ? Aux troupes naturelles de la Commune et aux gardes nationaux qui viendront s’y rallier. La résistance de ces bandes pourra faire du