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à lui-même ; en conséquence, je le surveillerais de près et comme une pareille situation n’est ni commode, ni flatteuse, ni agréable quand on en a savouré une fois seulement les disciplines, il n’est pas probable non plus que les chefs militaires disposés à la soutenir longtemps soient pourvus d’une grande hauteur d’âme ni de talents bien supérieurs. En ce cas, il est inutile d’en parler, ils ne serviront absolument en rien la cause sous laquelle on les fera ramper.

Comme en 71, la démocratie au temps de la Terreur avait réduit ses généraux à subir une surveillance constante, impérieuse, taquine. Elle avait tué Custine, fait enfuir Dumouriez ; on dit que Hoche n’est pas mort naturellement ; je n’en sais rien et ne veux pas le rechercher. Ce qui est assuré c’est que les chefs incapables se mirent à pulluler et que les désastres dont on parle le moins possible dominèrent singulièrement les succès, et encore, il faut le répéter, sauf la Vendée où le pur et intègre Rossignol se faisait battre et jouer à cœur joie, le moral des militaires était soutenu et consolé par le grand fait de la lutte contre l’ennemi étranger. Cette fois-ci ce qu’il faudra d’abord opprimer, ensuite convaincre, ce seront des camarades, des pareils, des gens à l’opinion desquels on est accoutumé à attacher du prix.

Mais, admettons que le général démocratique tienne peu de compte de ces remords. Il est parfaitement d’accord avec la légalité et par elle et pour sa plus grande gloire, il va travailler, sans ménager les violences, à abattre ce qu’elle voudra abattre. Sera-t-il suivi par beaucoup d’officiers vrais et de soldats sérieux ? Il est permis d’en douter et c’est ici que la différence du légionnaire