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VOYAGE DE LA BELGICA

let 1897. Signé : L’emballeur L. Laumont, rue Pierreux, 61, Liège. » Voilà des souhaits dont l’expression nous arrive bien à propos !

Des édicules sont construits sur la glace pour servir aux observations.

Contre le navire, à tribord, par le travers de la machine à sonder, nous creusons un trou par lequel on pompera l’eau en cas d’incendie et par lequel, aussi, on pourra sonder et pêcher…

… Le 26 mars, nous laissons éteindre les feux de la chaudière, que nous avions entretenus jusque-là. Nous procédons à une estimation de ce qui nous reste de combustible : 70 tonnes de charbon dans les soutes et près de 40 tonnes d’anthracite dans les caissons.

Nous déverguons les voiles, sauf toutefois, afin de n’être pas complètement désemparés en cas de détente subite, la trinquette, les huniers et la brigantine.

Nous établissons un plancher sur le grand panneau qui, dans le rouf de l’arrière, donne accès à la chambre des machines. Sur ce plancher, nous installons un petit poêle qui chauffera tant bien que mal nos cabines disposées tout autour. Ces travaux d’aménagement nous occupent pendant tout le mois d’avril.


Petit à petit, notre nouvelle existence s’organise.

La question du régime alimentaire est de la plus haute importance. Les vivres ne nous manquent pas et nous possédons des échantillons de tout ce qui est susceptible d’être conservé.

Je dresse, une fois pour toutes, un tableau de vingt-huit menus : quatre pour chaque jour de la semaine, en sorte que ce n’est que le vingt-neuvième jour que le cycle recommence. Je dois reconnaître, cependant, que la variété réside surtout dans les noms. Toutes ces conserves ont, à peu de chose près, le même goût, et il n’est pas toujours facile de distinguer, par exemple, le veau du bœuf.

Les mêmes plats sont servis sur la table du carré des officiers et sur celle du poste de l’équipage.

Les fonds sous la banquise étant trop profonds, nous n’avons pas la ressource du poisson frais ; mais les manchots et les phoques nous fournissent un appoint de viande fraîche plus abondant que savoureux. Les filets d’un manchot impérial suffisent à composer la pièce de résistance d’un repas pour tous.

La chair de l’oiseau et celle de l’amphibie se ressemblent ; c’est une viande noire et coriace, grasse et huileuse, mais qui, con-