l’expiration d’une dizaine de minutes, elle pria monsieur de Léry de continuer.
Voici cette complainte que les circonstances faisaient peut-être apprécier plus qu’elle ne mérite. Mais il faut dire aussi que l’air, empreint de tristesse, contribuait beaucoup à émouvoir les cœurs sensibles.
Un troubadour Béarnois,[1]
Les yeux inondés de larmes,
À ses montagnards chantait
Ce refrain source d’alarmes :
Le petit-fils de Henri
Est prisonnier dans Paris !
Il a vu couler le sang
De cette garde fidèle
Qui vient d’offrir en mourant
Aux François un vrai modèle,
En combattant pour Louis
Le petit-fils de Henri.
Ce dauphin, ce fils chéri,
Qui faisait notre espérance !
De pleurs sera donc nourri !
Le berceau qu’on donne en France
Au petit-fils de Henri
Sont les prisons de Paris !
Au pied de ce monument
Où le bon Henri respire
Pourquoi l’airain foudroyant ?
On veut donc qu’Henri conspire
Lui-même contre ses fils
Les prisonniers de Paris !
François ! trop ingrats François !
Rendez Louis et sa compagne :
C’est le bien des Béarnois,
C’est le fils de la montagne :
Le prisonnier de Paris
Est toujours le fils d’Henri.
- ↑ Chacun sait que Henri IV était natif du Béarn, domaine de la maison d’Albret, réuni à la France par Louis XII.