Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/557

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vais ; je fus convaincu qu’un gentilhomme anglais demande comme tout autre la protection de la police quand il est le plus faible ; et que le populaire est bien sot de croire que ces messieurs l’assomment par un sentiment exalté de patriotisme, pour lui inspirer une haute idée de la liberté dont il jouit sous le gouvernement britannique.

Quant à moi, je suis peu enthousiaste d’un genre de liberté qui ne profite qu’au va-nu-pieds ; car mes sympathies sont toutes acquises aux gens respectables : c’est peut-être erreur de jugement chez moi dans ce siècle d’indépendance, mais il n’est pas donné à tout le monde d’avoir l’esprit républicain qui domine sur notre continent.

Si mes compatriotes veulent conserver le beau titre de peuple gentilhomme dont ils ont joui jusqu’à ce jour, je leur conseille fortement, surtout, de ne point ambitionner le degré de liberté dont jouissent aujourd’hui nos voisins.


Je termine ici ces mémoires rédigés à la sollicitation de mes amis, et qui ne peuvent avoir de mérite que comme complément aux notes de mon premier ouvrage « Les Anciens Canadiens. » S’ils peuvent intéresser mes compatriotes sous ce rapport, je serai amplement récompensé de ce labeur que j’ai été tenté d’interrompre cent fois avec découragement. En proie à ces dégoûts, un sentiment de patriotisme me soutenait pourtant : celui de consigner des actions, des anecdotes, des scènes,